L’entrepôt du futur (partie 4) : vers un entrepôt plus humain

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    Dans cette quatrième et dernière partie de notre série d’article de blog sur «L’entrepôt du futur», nous nous concentrons sur les personnes dans et autour de l’entrepôt. Quelles nouvelles compétences vous et vos employés devrez-vous avoir sur le plan humain pour réussir votre logistique ? Curieux de savoir ce que l’entrepôt du futur a encore à offrir ? N’hésitez pas à lire nos autres articles sur l’automatisation croissante des entrepôts et l’avènement d’une logistique plus verte.

    Les temps changent et les humains suivent le mouvement. Dans la logistique, depuis plusieurs années déjà, le recrutement se fait de plus en plus complexe. Les collaborateurs recherchent des métiers valorisants, dans des entreprises à la marque employeur rutilante. Pourtant, la productivité dans l’entrepôt doit s’accroître… Et il semble de plus en plus complexe de fidéliser des opérateurs dans ces conditions. La technologie à l’oeuvre dans l’entrepôt du futur le rendra-t-il déshumanisé ? Se dirige-t-on vers une logistique 100 % robotisée, où seuls des ingénieurs interviendront directement sur la supply chain ? Vous allez découvrir que, malgré les apparences, l’entrepôt de 2050 sera probablement plus humain que celui d’aujourd’hui.

    Moins d’humains dans l’entrepôt, mais un entrepôt plus humain

    En quelques années à peine, les métiers de la logistique ont fondamentalement changé. Alors qu’ils attiraient, auparavant, des profils qui s’y dirigeaient “par dépit”, on retrouve désormais dans les processus de recrutement des entrepôts des populations qui disposent a minima d’un niveau Bac, et qui recherchent un métier valorisant. C’est là que bon nombre d’entreprises décident de se parer de technologies destinées à réduire la pénibilité des tâches logistiques ou l’insécurité de certaines missions, pour augmenter la productivité et rendre les métiers plus attractifs. Un paradoxe surgit alors : l’entrepôt compte moins d’humains, mais prend plus en considération l’Humain.

    Yvan Delannoy, Directeur d'exploitation logistique du Groupe RAJA

    Lorsqu’une entreprise décide de mettre une nouvelle technologie en place, le bénéfice attendu doit lui permettre d’augmenter sa capacité de traitement des flux, à un meilleur coût. Ce que la technologie permet d’absorber n’est pas incompatible avec la préservation, voir le développement, des ressources humaines. Avec l’augmentation de la capacité de traitement des flux concomitants, la charge de travail qui reste basée sur l’action des collaborateurs est potentiellement préservée, voir alignée à la hausse, mais sur des tâches modifiées. Les ressources libérées par la technologie peuvent être réinvesties. Dans un cadre d’un accompagnement gagnant/gagnant, tout changement de technologie ne se fait pas forcément au détriment de l’emploi.

    Yvan Delannoy, Directeur d'exploitation logistique du Groupe RAJA

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    Exosquelettes et drones : indispensables pour vos employés ?

    Les exosquelettes sont un exemple intéressant de ce phénomène. S’ils permettent de soulager le port de charges lourdes, pour l’heure, il s’agit d’une technologie assez peu applicable à la logistique, qui présente une balance bénéfices / risques peu intéressante. Qui plus est, en déployant des exosquelettes sur des tâches répétitives, les entreprises allègent certes les collaborateurs de tâches pénibles, mais augmentent le côté monotone, mono-tâche, d’une mission.

    Il en va de même pour les drones. Ils peuvent aller chercher des marchandises ou des informations en hauteur, pour limiter les risques pour les opérateurs. Ou bien qui peuvent détecter des structures abîmées, comme les racks. Là encore, il est crucial de ne pas les présenter comme des technologies qui remplacent l’humain, mais qui l’assistent. La technologie vient effectuer la tâche. Et l’opérateur devient le pilote de cette technologie, pour contrôler ou analyser les données relevées.

    Yvan Delannoy, Directeur d'exploitation logistique du Groupe RAJA

    La clé du succès de la mise en place d’une nouvelle technologie est de la penser au service de la poly-activité. Elle peut être actionnée au service de l’humain et non pas uniquement à la place. Cet axe va à l’encontre d’une mono-activité fortement implantée depuis des décennies au sein des entrepôts. Un cariste n’est pas un préparateur, un inventoriste n’est pas un productif, etc. Pour ce faire, la technologie doit être flexible et accessible. Elle doit permettre de repenser les métiers de la logistique afin de les rendre plus attractifs, moins monotones, et moins pénibles. C’est une nécessité pour renouveler les générations.

    Yvan Delannoy, Directeur d'exploitation logistique du Groupe RAJA

    Des technici testent un exosquelette humain sur un employé d'entrepôt

    Le développement de nouvelles compétences comme clé de succès

    Qui dit nouvelles technologies dans l’entrepôt, dit nécessairement nouvelles compétences à y intégrer pour gérer ces innovations. C’est pourquoi, dans les décennies à venir, les entrepôts vont se doter de nouveaux métiers. Analyses de données pour optimiser la productivité, data scientists pour faire de la prédiction sur la gestion des stocks, ingénieurs pour l’amélioration continue, l’automatisation…

    Adrien Soulier, Directeur Général de WIIO

    On va assister à une migration de la puissance physique vers des puissances intellectuelles. Notamment du point de vue des process et méthodes logistiques. Toutes les tâches pénibles et lourdes seront confiées à des robots. Et on demandera donc à chaque humain d’apporter une réelle valeur ajoutée, là où le cerveau humain est un plus par rapport à l’Intelligence Artificielle.

    Adrien Soulier, Directeur Général de WIIO

    Mais quid des opérateurs qui travaillent actuellement dans l’entrepôt ? Eux aussi vont voir leurs métiers muter, et pour le mieux. Plus la technologie et l’innovation pénétreront dans l’entrepôt, plus le niveau de compétences de base devra être élevé. Les entreprises devront envisager de véritables plans de développement des compétences de leurs opérateurs, pour leur apprendre à maîtriser les technologies et à assurer leur maintenance.

    Plus d’autonomie pour vos employés

    Au-delà des simples compétences en matière de technologie, une autre qualité deviendra essentielle pour les opérateurs : l’autonomie face à cette technologie. On peut bien entendu imaginer des Intelligences Artificielles capables de mener la maintenance des robots. Mais, sur bon nombre d’autres innovations, l’opérateur restera central pour assurer l’efficacité des machines : d’où l’intérêt de recruter des collaborateurs qui savent être autonomes face à elles.

    Les métiers de préparateur de commandes évoluent, et leur savoir également, afin de s’adapter aux nouvelles technologies. On ne parle plus de simple manutention ! C’est là que la technologie devient un véritable argument de recrutement. Grâce à elle, on facilite le quotidien des collaborateurs, en luttant contre la pénibilité de leurs postes. On leur propose des tâches moins répétitives, moins rébarbatives, et on les intègre dans les processus, pour qu’ils donnent leur avis sur d’éventuels axes d’amélioration. D’où le fait qu’il faut réussir à attirer des collaborateurs qui auront des compétences plus techniques, plus élevées, et une appétence pour l’informatique et les technologies.

    Thierry Bernard, Directeur logistique de la filiale Logisorgues (RAJA Group)

    C’est le rôle du manager qui, en plus de cela, doit trouver des solutions anti-TMS et de sécurité, en prévoyant des budgets importants pour des investissements adaptés avec des machines automatisées (cercleuses, banderoleuses), ou encore des tables automatisées pour l’aide aux gestes et aux postures. Mais ce que les collaborateurs souhaitent surtout aujourd’hui, c’est de l’autonomie. L’avenir de l’entrepôt, c’est aussi ça : des gens qui choisissent l’entreprise sur des critères comme l’autonomie, la confiance, la responsabilité, et le management qu’on leur propose.

    Thierry Bernard, Directeur logistique de la filiale Logisorgues (RAJA Group)

    Une responsable logistique femme accompagne les nouveaux employés dans un entrepôt humain

    Un nouveau mode de management

    Les managers en logistique ont toujours tenu un rôle crucial : au-delà d’être de simples donneurs d’ordres, ils devaient être capables de valoriser le travail des collaborateurs, qui faisaient partie d’une population à la formation minimaliste et aux tâches assez simplistes. Or, dans les années à venir, ces managers vont accueillir des talents qu’ils devront former aux innovations logistiques, mais aussi auprès desquels il leur faudra communiquer de manière efficace. Leur défi ? Valoriser leurs opérateurs, tout en leur expliquant leur valeur ajoutée dans un monde automatisé, digitalisé, robotisé.

    Par ailleurs, le directeur logistique et supply chain lui-même devra faire face à de plus en plus de défis dans son activité quotidienne. Les mutations technologiques et réglementaires, sans cesse plus prégnantes dans un monde en constante évolution, lui demanderont d’être en veille constante et de prendre des décisions de manière agile.

    Laurent Sabatucci

    Les crises majeures que les entreprises ont traversées ces dernières années ont placé le pôle logistique au centre des organisations… Ce qui n’était pas forcément le cas auparavant. Cela place le directeur supply chain dans une position qu’il n’avait pas jusqu’alors. Il prend plus de poids et devient un acteur stratégique pour l’entreprise. C’est pourquoi il doit désormais être capable de traverser des crises, en imaginant des scénarios dégradés, risqués. Il devient, en quelque sorte, un gestionnaire de crise.

    Laurent Sabatucci, Directeur Associé-Fondateur d'EOL

    Êtes-vous prêt pour un avenir plus humain ?

    Loin de l’image robotique que l’on peut lui imaginer, l’entrepôt du futur sera aussi résolument humain. Exit la pénibilité au travail et les tâches répétitives. Place à la prise en considération des attentes des collaborateurs, à la poly-activité et à la montée en compétences, pour affronter les défis de recrutement et de fidélisation. Seuls les entrepôts qui trouveront le juste équilibre entre technologie et humain réussiront à relever les challenges de la logistique de demain. Êtes-vous prêt ?

    Thierry Bernard, Directeur logistique de la filiale Logisorgues (RAJA Group)

    L’entrepôt du futur sera toujours humain, mais “différemment humain”. La technologie va remplacer l’humain sur certaines tâches. Mais cette évolution technologique va soulager les opérateurs, limiter les Troubles Musculo-Squelettiques un peu plus, et leur permettre d’atteindre des postes plus qualifiés. Et c’est aussi ça, l’avenir de la logistique… Réussir à attirer des collaborateurs avec les nouvelles valeurs que cette technologie véhicule : l’autonomie, la confiance et la responsabilité.

    Thierry Bernard, Directeur logistique de la filiale Logisorgues (RAJA Group)

    Portrait d'une gestionnaire logistique femme dans un entrepôt humain

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    A propos de l'auteur

    Christophe Jansen: Christophe travaille en tant qu'auteur pour RAJA. En tant que responsable du contenu et de communication, il élabore l'histoire des produits RAJA.
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